Un chien blanc comme un panda

Publié le 18 Novembre 2012

 

1 -

Andréa tu comprends je ne veux pas

L’entendre respirer de l’autre côté du mur

Je ne veux pas sentir ses rêves derrière la porte

 

2 -

Il m’a dit : quand je t’embrasse je les embrasse tous.

 

3 -

cables

 

4 -

La danse de l’oiseau déjà mort

 

-       C’est lui ?

-       Non – ça aurait pu être lui

Mais il est trop grand.

Celui-là fait peur. Il ne faisait pas peur

Il était plus petit plus gros plus vieux plus laid.

Il avait une tête drôle

(celui qui m’a manipulée)

 

5 -

mere devorante 3b

 

6 -

- Je t’aime Je t’aime Je t’aime Je t’aime

Dit-il alors qu’on s’embrasse sur le carrelage de l’entrée la tête contre le sac poubelle

Puis

- C’est une torture si je te suce sans te faire l’amour ?

 

7 -

Evidemment j’ai peur qu’il ait le sida

(il est si maigre et il ne fait pas l’amour)

 

8 -

Du coin de l’œil je la hais

Ses lèvres descendent

Mauvaise laine mauvaise haleine

« Promis j’arrête »

 

9 -

Cette nuit je l’ai cherché en courant j’ai ramé sur un fleuve.

Puis ma poitrine s’est ouverte sur chaque sein en deux fleurs de chaire et d’os comme des mains.

 

10 -

Un homme fait miaou en me regardant

(un pervers)

 

11 -

Un chien blanc comme un panda

 

12 -

A force de regarder

La mer penchait vers la montagne

Qui penchait vers la mer

 

13 -

Dans l’appartement l’eau monte

Et flottent des cadavres.

Il faut le rassurer il devient fou

Fait le mort et se retourne

Les dents poussées le visage horrible

Je le prends dans mes bras

Nous allons dormir dans la rue

Il y a des couvertures propres.

L’eau est descendue

Par terre des champignons

Et sur mes bras des taches bleues de moisi.

C’est très beau je vais filmer

J’ouvre la main des asticots sortent

 

*          *          *

 

Je lui ai dit tu as des yeux bizarres ils sont à l’envers

Il m’a dit oui bien vu

 

14 -

Une vie saine, disent-ils, pleins de parasites et puanteur.

 

*          *          *

 

Il était tout à fait stupide

                                    Assieds-toi là

La prétention édictée en Ville-Lumière

                        J’ai quelque chose à te dire

Je défendais l’amour simple

            Tu m’écoutes 

En chevalier

A Tristan

 

Et la bonne odeur de cendrier

 

15 -

les textures b

 

16 -

Hier soir en rentrant du bar

Nous voulions déchirer/filmer/shooter

Le fabriquant d’anges gratuits

Comme si…

De l’argent et l’ange.

Quand tu as bu

Les yeux ralentis et doux

Si ce n’est pas de l’amour ?

 

17 -

« Je m’en fous, je peux très bien rester seule. »

Répond-elle en souriant, le regard malicieux.

Elle disparaît de bon pas, elle fait jeune dans sa robe bleue.

Hors de vue (de sa vue) elle regarde objectivement l’objectif et s’éteint.

 

Puis, on peut regarder le paysage.

 

18 -

Andréa

Je la déteste parce qu’elle se prostitue

Mais je ne peux m’empêcher de désirer sa préférence.

 

19 -

« - Bonjour mon amour »

« - Bonjour ciel »

« - Soleil »

« - Ce que tu m’as manqué »

 

20 –

Quel plaisir d’être mordue

 

Faire l’amour à une fille

Dit-il

Dit-il

 

Quel plaisir d’être mordue

Et d’être fait l’amour par

 

21 -

l'agneau mechant

 

22 -

« Vous êtes ignobles »

Dit un de mes jeunes voisins homosexuel.

Mais tout le monde sait qu’il est amoureux.

 

*          *          *

 

Ce que m’a soufflé l’Africain en rêve

 

dans la tête

 

dans la nuque

 

dans le dos

 

Il dessinait une croix

Et je m’envolais

 

23 –

oiseau

 

24 -

Andréa pour qui vas-tu danser ?

Et tes yeux tout-à-coup-graves.

 

Dans un jardin sec

tôt

 

25 -

couple 1 b

 

26 -

Sa peau scintillait et elle était obsédée par Andréa.

Un jeune homme passa à vélo, la regarda en se passant la langue sur la lèvre.

Elle venait de refuser un recommandé, pour lequel elle avait fait deux aller retours, et après une longue réflexion, devant  la poste, immobile entre une poussette, un fauteuil roulant et deux pères détestables, avait pris la décision de s’asseoir là, à la terrasse de ce bar kabyle, le Café des Sports, à la table laissée vide, brûlante de soleil.

 

*          *          *

 

Ils ont de si grands sourires.

Je crois qu’ils sont dans la mer

« Tu enlèves le crapaud et tu mets un canon sur la pelouse »

 

27 -

Un chemin de terre accidenté.

Un homme marche à ma hauteur. Malgré mes efforts, nos vitesses sont les mêmes.

Un homme me siffle.

Je prends à gauche un chemin plus petit encore, qui m’amène dans un pré marécageux. Tout à coup je sens une douleur au bras.

Un grand serpent vert resserre ses anneaux, il a une tête de vipère et un corps de couleuvre. Je continue à marcher, me posant la question de sa nature ; je m’efforce de ne pas secouer mon bras, mais je ne peux pas m’en empêcher. Le serpent lâche et s’envole.

Une clôture sépare le pré des bords d’un canal.

Le sol humide est tout piétiné par deux enfants de trois ans, en couches, enfermés dans un petit enclos de grillage. Je salue la jeune femme qui les garde, elle est accompagnée d’un garçon de treize ans.

Je parle avec le garçon. Je voudrais partir avec lui, il le veut aussi. Nous marchons ensemble le long du canal, dans mon sac à dos j’ai un parapluie.

Mais je glisse dans la boue et tombe dans l’eau.

A cause de mon gros sac militaire je n’arrive pas à sortir de l’eau, le garçon essaie de m’aider mais il glisse à son tour. Nous regardons les passants au loin, une vieille courre vers nous mais c’est pour me lancer une pierre. Puis une femme s’approche et nous offre son aide.

Nous rions tous les deux, et je m’accuse de stupidité. Le garçon me contredit. Pourtant, lui dis-je, la première chose à penser est bien de détacher son sac à dos.

 

28 -

Une grande loterie au sol. Une multitude d’êtres (humains ?) en costumes de pieuvre, plongent dans l’eau noire.  Oui, l’humanité prend la forme d’une immense pieuvre blanche constituée, elle refait surface, les êtres se transforment de diverses manières et colorent en bleus, je vois se dessiner des éléphants, l’humanité, légère, prend résolument la route du ciel, sa trompe monstrueuse dressée, s’extrayant des liquides.

 

 

Mathilde Nègre – 2008/2012

Rédigé par Mathilde Nègre

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