Publié le 16 Avril 2012

 

C’était le 26 octobre 2011, à 20h00, sur TF1.

 

« Parfois on se promène dans les rues, en regardant chaque homme dans le pantalon, pour essayer de deviner comment est sa bite. »

 

Il y a des moments de télévision dont on ne peut comprendre l’importance sans s’attacher au  contexte, ainsi nous échapperait, par exemple, le succès de Bienvenue chez les Ch’tis.

 

LE CONTEXTE

 

Tout allait mal, et de plus en plus mal.

Les femmes se haïssaient les unes les autres, leur compétition n’avait besoin ni de témoin ni d’objet. Fascinées par les prostituées et par les actrices, elles étaient les victimes de pensées réactionnaires qui trouent l’estomac et fabriquent des bébés bizarres.

 

Quand surgit l’Analyse comme Evidence.

Cela se passait dans un café du 19ème arrondissement de Paris,

Ce afin de rappeler au public les méfaits d’un siècle bourgeois catholique capitaliste, inventeur de l’Immaculée Conception, qui sépara une deuxième fois la sexualité de l’enfantement.

C’est alors qu’on entendit Mike Brant.

Une main saisit un stylo, et écrivit ces quelques phrases :

 

1/ C’est le désir qui délivrera la femme d’elle-même.

    Tant il est vrai qu’elle est son propre esclave.

 

2 / Avant qu’elle s’affranchisse,

     Etre désirée l’emprisonne d’avantage.

 

(Imagine toi un instant le risque que prend l’actrice nue !!!!)

 

Car le désir des hommes est un essaim de mouches qui se pose sur ses yeux et la rend aveugle à son propre désir, 

Car le désir des hommes est une sirène séduisante qui la rend sourde à son propre sexe.

 

Il la laissera sans connaissance, sans amour, emplie de glue et de hargne,

Obsédée par elle-même, par ses attraits futiles, et méchante,

Si elle ne sait fermer ses yeux, boucher ses oreilles,

Et suivre le chemin d’amour chanté par Mike Brant sur Radio Nostalgie :

« Que tu es belle ô mon amour, lorsque le désir t’a délivrée »

 

 

*            *            *

 

Le Chat Du Jardin D'Alice Modif Pour BayonneArriveHD DSC854

 

Tais-toi, dis-je.

Tais-toi, dis-je à celui qui fait crier sa bite.

Ma chatte est timide, elle n’a pas l’habitude de parler. Elle a besoin de silence et d’attention.

 

La bite est puissante, entraînée, elle couvre facilement les murmures.

 

Donc il faut que la chatte prenne courage, chante fort quitte à chanter faux, trouve cette voix redoutable et perçante, celle des guerrières de l’amour vrai, qui savent détruire autant qu’aimer comme le peuvent tous les êtres accomplis.

 

DANS CE CONTEXTE

C’était le 20h00 de TF1, on voyait Laurence Ferrari, qui est une tache rose saumon avec des cheveux.

 

A ce moment

Vinrent les trente rugbymen, moitié nus, très beaux et musclés,

Les femmes se mirent à glousser,

Leurs yeux brillaient,

S’échappaient d’elles des striures de lumière basique,

Elle sautaient.

 

A ce moment

Tous les hommes qui n’étaient pas des rugbymen sont devenus gris,

Petits et leur dos s’est courbé,

Tout à coup ils ont eu honte de leurs corps,

Ils étaient malheureux c’était triste.

 

C’était un grand moment de télévision.

 

Les femmes qui ont tant souffert à cause des magazines féminins

Ont regardé leurs hommes tristes, elles avaient envie de faire l’amour.

Elles les ont pris en pitié.

 

Elles ont dit :

Ce qui compte c’est pas la beauté de ton corps c’est la beauté de l’esprit qui l’habite.

Ce qui compte c’est pas la taille de ton sexe c’est comment tu t’en sers.

Ce qui n’a pas réconforté les hommes car ils connaissent l’état d’avancement des consciences, et le stade où nous existons.

 

Moi je ne les plains pas, il faut qu’ils apprennent la difficulté de vivre avec un miroir grossissant dans le sac à main.

Leur tristesse n’est pas trop chère si nous pouvons nous comprendre.

 

Les femmes, elles, qui s’étaient tues, avaient des bites visibles dans les yeux,

Qu’elles ont commencées à dessiner,

Qu’elles ont commencées à chanter,

Et elles se touchaient les seins.

 

Elles étaient complètement obsédées sexuelles.

 

C’est le début, il y a beaucoup d’étapes à traverser, ensuite on pourra discuter d’autre chose.

Le sexe cousu fermé l’esprit n’a aucune idée qui vaille.

Ensuite on pourra s’aimer en camarades les unes les autres, ça va être bien,

On pourra arrêter de se mater comme des folles à moins qu’on soit vraiment lesbiennes.

 

 

Mathilde Nègre, 21 janvier 2012

Photo Le Chat du Jardin d'Alice par Jean-Michel Jarillot

pour la revue N°4 du collectif Bayonne Arrive

Mourir à l'Oeil

Voir les commentaires

Rédigé par Mathilde Nègre

Repost0